Lutter contre les comportements délinquants grâce à la thérapie cognitivo-comportementale

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La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peut contribuer à réduire les comportements délinquants chez les jeunes à risque et chez les hommes ayant déjà commis des actes répréhensibles, notamment en les aidant à se concentrer davantage sur l’avenir, à modifier leur perception de soi et/ou à prendre des décisions de façon plus réfléchie.
Young men participate in an activity for the Becoming a Man program in Chicago. Photo: Rob Kozloff | University of Chicago
Young men participate in an activity for the Becoming a Man program in Chicago. Photo: Rob Kozloff | University of Chicago

Résumé

Dans les pays développés comme dans les pays en développement, les comportements violents ou délinquants sont concentrés de façon disproportionnée chez les hommes jeunes et issus de milieux modestes, ce qui a des effets défavorables pour ces individus et pour leurs victimes. Il est particulièrement important pour ces hommes d’apprendre à faire des projets, ou encore à freiner les réactions automatiques qu’ils ont l’habitude d’avoir dans les situations critiques. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui apprend aux individus à évaluer et à modifier leur façon de penser et de prendre des décisions, peut permettre de lutter contre ces comportements autodestructeurs. Le principe de la TCC est d’aider les participants à améliorer leur image de soi, à comprendre leur environnement et à s'y adapter, à ralentir leurs processus de prise de décision et à faire des projets d’avenir.

Dans trois évaluations aléatoires de programmes basés sur la TCC au Libéria et aux États-Unis, cette méthode a permis de faire reculer les comportements délinquants et d’augmenter le taux d’obtention de diplôme lorsqu’elle était proposée dans un cadre scolaire. Un débat est toujours en cours pour identifier les mécanismes spécifiques par lesquels les interventions inspirées de la TCC suscitent des changements dans différents contextes, mais aussi pour déterminer comment des interventions supplémentaires (notamment des transferts monétaires) peuvent venir renforcer le changement de comportement des bénéficiaires. Si le niveau d’études des conseillers était variable, de même que la durée de leur formation, la TCC semble être une approche d’autant plus prometteuse qu’elle est rentable. En effet, toutes les interventions ont fait appel à des conseillers non experts qui ont organisé leurs sessions selon un programme standardisé. 

Résultats

Aux États-Unis, les élèves ayant participé à un programme inspiré de la TCC étaient moins susceptibles d’être arrêtés, plus susceptibles de finir le lycée dans les temps et plus enclins à prendre des décisions réfléchies. Dans les écoles publiques des quartiers défavorisés de Chicago, Youth Guidance, une ONG locale, a organisé des sessions de groupe hebdomadaires d'une durée d’une heure à destination des jeunes hommes à risque, et ce pendant une ou deux années scolaires. À la fin du programme, le nombre d’arrestations par élève avait diminué de 12% et les bénéficiaires étaient 9% plus susceptibles d’obtenir leur diplôme de fin de lycée dans les temps. Grâce à ces séances de groupe, les élèves ont pu acquérir des stratégies pour mieux comprendre leur environnement, ralentir leur processus de prise de décision et faire des projets d’avenir. Par exemple, au cours d'un jeu conçu pour tester la prise de décision, les élèves du programme ont mis environ 80% de temps supplémentaire par rapport à ceux du groupe témoin pour décider comment répondre à l’un de leurs pairs dans un scénario impliquant une transaction financière [1].

Illustration of person handing a ball to another person
Exemple d’activité proposée dans le cadre du programme de Youth Guidance:

Le poing
On demande aux élèves de récupérer un objet auprès d'un de leurs partenaires. Beaucoup d’entre eux tentent de faire usage de la force. Le conseiller leur pose des questions pour leur montrer que leur partenaire aurait peut-être accepté de leur donner l’objet en question s’ils s’étaient contentés de le demander.

Au Liberia, les jeunes hommes ayant participé à un programme inspiré de la TCC étaient moins susceptibles de présenter toute une série de comportements délinquants et violents. Au Liberia, dans les quartiers de Monrovia à fort taux de délinquance, une ONG locale, Network for Empowerment and Progressive Initiatives, a développé un programme de huit semaines inspiré de la TCC à destination des hommes qui occupent un emploi peu qualifié ou illicite, dont beaucoup sont d’anciens membres de groupes armés. Les participants se réunissaient trois fois par semaine pour des séances d'une demi-journée. Certains d’entre eux ont également reçu un transfert monétaire inconditionnel d’un montant de 200 $ US. À la fin du programme, ceux ayant simplement suivi le programme faisaient preuve d'une plus grande patience et avaient adopté un comportement davantage tourné vers l’avenir, les effets étant plus importants et plus durables chez les hommes qui avaient également bénéficié du transfert monétaire. Dans les semaines qui ont suivi la fin du programme, le taux de délinquance des bénéficiaires a diminué presque de moitié par rapport au groupe témoin. Au bout d’un an, ces effets ne subsistaient que chez ceux qui avaient également reçu le transfert monétaire [2].

Exemple d’activité proposée dans le cadre du programme mis en place par Network for Empowerment and Progressive Initiatives:

Illustration of person paying fruit vendor

Se confronter à des comportements « traditionnels »
Les hommes s’entraînent à faire des courses au supermarché, à aller à la banque, à assister à une formation de vendeur dans une compagnie téléphonique et autres activités de ce type, puis gèrent les succès et les échecs en groupe.

Responsables du secteur: Chris Blattman and Jens Ludwig
Auteurs: Justin Loiseau and Cillian Nolan

Academic lead(s):
Chris Blattman Jens Ludwig
Insight author(s):
Justin Loiseau
Suggested citation:

Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL). 2018. "Reducing criminal behavior through cognitive behavioral therapy." J-PAL Policy Insights. Dernière modification : avril 2018. https://doi.org/10.31485/pi.2267.2018

Citations
1.
Heller, Sara B., Anuj K. Shah, Jonathan Guryan, Jens Ludwig, Sendhil Mullainathan, and Harold A. Pollack. 2017. "Thinking, Fast and Slow? Some Field Experiments to Reduce Crime and Dropout in Chicago." The Quarterly Journal of Economics 132 (1): 1–54. Research Paper | J-PAL Evaluation Summary
2.
Blattman, Christopher, Julian C. Jamison, and Margaret Sheridan. 2017. "Reducing Crime and Violence: Experimental Evidence from Cognitive Behavioral Therapy in Liberia." American Economic Review 107 (4): 1165–1206. Research Paper | J-PAL Evaluation Summary