Effets de pairs, consommation d’alcool et camarades de chambre en cité universitaire, États-Unis

Researchers:
Fieldwork by:
Location:
A large, academically strong state university in the United States
Sample:
1 357 étudiants de première année
Chronologie:
2002 - 2002
Target group:
  • Higher education and universities
  • Students
Outcome of interest:
  • Student learning
  • Gender attitudes and norms
Intervention type:
  • Intergroup/social contact
AEA RCT registration number:
AEARCTR-0001062
Partners:

Policy issue

On estime que la surconsommation d’alcool est à l’origine du décès de 85 000 personnes par an aux États-Unis. Ce problème est particulièrement préoccupant dans les universités et institutions de l’enseignement supérieur. Dans les universités, un grand nombre de campagnes ayant pour objectif de réduire la surconsommation d’alcool partent du principe que si l’on informe les étudiants du fait que leurs camarades boivent moins qu’ils le pensent, à leur tour, ils boiront moins. L’importance de l’influence des pairs sur le comportement de consommation d’alcool est également au centre des débats qui ont été organisés récemment autour des Cités Sans Drogue ou des systèmes en ligne permettant d’apparier les étudiants par chambre. Ainsi, il est important d’évaluer le rôle des effets de pairs sur les comportements et les habitudes de surconsommation d’alcool chez les étudiants.

De nombreuses études basées sur l’observation d’une association positive entre utilisation de substances chez les adolescents et chez leurs pairs, concluent que la surconsommation peut être très fortement influencée par les pairs. Cependant, il est souvent difficile de déterminer de manière empirique si la corrélation des résultats est due à l’influence des pairs, à l’auto-sélection de pairs similaires ou à l’existence de chocs affectant de manière identique tout le groupe de pairs.

Context of the evaluation

Les universités constituent un espace naturel permettant d’étudier la formation de préférences en fonction de facteurs tels que l’influence des pairs et le développement d’habitudes. Les étudiants, se retrouvant séparés de leurs parents et de la plupart de leurs anciens amis, ont la possibilité de se "choisir" une nouvelle identité. L’Université est également un lieu important de surconsommation de substances addictives : 40 % des étudiants rapportent s’être livrés au « binge-drinking » (alcool-défonce) dans les deux semaines précédentes. Juste après le tabac, l’alcool est la substance addictive la plus fréquemment utilisée à l’Université, où se développent un grand nombre de comportements addictifs. La plupart des professionnels de santé s’accordent à dire que l’alcool affecte pratiquement tous les organes du corps humain et que la consommation d’alcool est mise en cause dans plus de 60 pathologies différentes. En fonction du niveau de consommation et de l’âge auquel le sujet a commencé à boire, les conséquences d’une addiction à l’alcool sur la santé et sur la vie sociale peuvent considérablement entraver la réussite universitaire, la réussite professionnelle et la qualité de vie.

Students' grade point averages were the key outcome of interest. Photo: Shutterstock.com
Shutterstock

Details of the intervention

Dans cette étude, les étudiants d’une grande université américaine se sont vus affecter leurs camarades de chambre de manière aléatoire, par un système de tirage au sort. Tous les élèves de cette université avaient obtenu de bons résultats au lycée et leurs résultats au test d’aptitudes se situaient aux alentours du 90ème percentile de la moyenne nationale. Bien que ces étudiants aient une consommation d’alcool légèrement supérieure à la moyenne, l’université n’a jamais fait partie du groupe des 20 universités les plus problématiques.

Un groupe de 1 357 étudiants à qui un camarade de chambre a été affecté de manière aléatoire, a constitué le groupe test, et un autre groupe d’étudiants ayant choisi spécifiquement leur camarade de chambre, a servi de groupe témoin. A l’entrée, les étudiants devaient répondre à une enquête, cherchant notamment à savoir s’ils se livraient à certaines pratiques telles que la consommation d’alcool ; une seconde enquête a été réalisée plus tard au cours de l’année.

Results and policy lessons

Si les notes GPA des étudiants n’ont pas été influencées par la consommation d’alcool de leur camarade de chambre l’année qui avait précédé l’entrée à l’Université, on constate qu’en moyenne, les étudiants qui se sont retrouvés avec des camarades de chambre ayant déclaré avoir consommé de l’alcool dans l’année précédant leur entrée à l’université, obtiennent des notes GPA qui sont d’un quartier de point inférieures à celles des étudiants qui se sont retrouvés appariés à un camarade de classe non consommateur d’alcool. La consommation d’alcool des camarades de chambre a considérablement réduit la borne inférieure de la distribution des notes GPA, a un peu fait baisser les notes GPA médianes et a eu un léger impact négatif sur la borne supérieure de la distribution. Parmi les étudiants, le fait d’avoir un camarade de chambre consommant de l’alcool a diminué d’un demi-point de 10ème percentile inférieur des notes GPA. Pour les étudiants qui eux-mêmes consommaient de l’alcool avant d’entrer à l’Université, le fait de partager une chambre avec un camarade ayant une consommation d’alcool régulière avant l’entrée à l’université, les notes GPA ont baissé de deux-tiers de points.

L’influence de l’appariement initial avec un camarade consommant de l’alcool persiste, voire augmente avec le temps : ceci est très révélateur de la manière dont se forment les préférences et les futurs comportements qui en découlent. Dans la mesure où les étudiants qui consomment fréquemment de l’alcool sont particulièrement influencés par des camarades de chambre qui consomment régulièrement de l’alcool, les programmes de Cités Universitaires Sans Substances Addictives pourraient potentiellement réduire les notes GPA moyennes dans la population étudiante dans la mesure où elles vont isoler les étudiants consommant de l’alcool et ainsi renforcer leur comportement.

1 Mokdad, Ali H., James S. Marks, Donna F. Stroup and Julie L. Gerberding. 2004. “Actual Causes of Death in the United States, 2000,” Journal of the American Medical Association. 291:1238-1245
OMS “Global Status Report on Alcohol, 2004,” http://www.who.int/substance_abuse/publications/global_status_report_200... (consulté le 15 septembre 2009).

Kremer, Michael, and Dany Levy. 2008. "Peer Effects and Alcohol Use Among College Students." Journal of Economic Perspectives 22(3): 189-206.

1.
Mokdad, Ali H., James S. Marks, Donna F. Stroup and Julie L. Gerberding. 2004. "Actual Causes of Death in the United States, 2000," Journal of the American Medical Association. 291:1238-1245
2.
WHO "Global Status Report on Alcohol, 2004," http://www.who.int/substance_abuse/publications/global_status_report_200... (accessed July 2, 2012 ).