S’adapter au niveau réel des élèves peut les aider à progresser en lecture et en mathématiques.
L’approche Teaching at the Right Level (TaRL), ou « enseigner au niveau approprié », est une méthode efficace et peu coûteuse pour améliorer les compétences de base de millions d’enfants. Des études menées dans plusieurs pays montrent que cette approche permet à des enfants d’acquérir des compétences fondamentales en lecture et en mathématiques à un coût souvent inférieur à 10 dollars par élève et par an.
De nombreux gouvernements et systèmes éducatifs peuvent adapter cette méthode pour faire face à la crise de l’apprentissage. Regrouper les enfants par niveau d’apprentissage – plutôt que par âge ou niveau scolaire – pendant une partie de la journée permet de concentrer l’enseignement sur les savoirs fondamentaux.
Chaque année, plus de 700 millions d’enfants sont scolarisés dans le monde, mais beaucoup d’entre eux ne maîtrisent pas les compétences de base. Selon des estimations récentes, 70 % des enfants vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire ne savent pas lire un texte simple à l’âge de 10 ans. Cette crise de l’apprentissage compromet non seulement les perspectives individuelles, mais aussi le développement économique global. Si de nombreux pays ont élargi l’accès à l’éducation, garantir des apprentissages effectifs reste un défi majeur.
L’approche TaRL permet de renforcer les compétences fondamentales en lecture et en mathématiques en partant des acquis des élèves. Mise au point par l’organisation indienne Pratham, cette méthode consiste à évaluer le niveau des élèves, à les regrouper selon leurs compétences, et à leur proposer des activités adaptées. Les enseignant·e·s utilisent des outils simples pour organiser les groupes en fonction du niveau réel des élèves plutôt que de leur âge ou de leur classe. Les élèves participent à des activités ludiques centrées sur les apprentissages fondamentaux, et leur progression est régulièrement suivie afin de les faire évoluer vers un groupe supérieur. Dans certains contextes, cette approche a permis d’obtenir en quelques semaines des progrès qui auraient autrement pris plusieurs années.
L’approche TaRL a permis d’améliorer les apprentissages fondamentaux dans divers contextes. Une série d’évaluations aléatoires rigoureuses menées par des chercheur·e·s affilié·e·s à J-PAL au cours des quinze dernières années montre que TaRL a entraîné certains des gains d’apprentissage les plus importants parmi les programmes évalués. L’adaptation continue de l’approche, en collaboration avec les chercheur·e·s, a permis à Pratham, à plusieurs gouvernements et à d’autres partenaires de renforcer et d’ajuster le programme au fil du temps.
L’approche TaRL continue d’être mise en œuvre dans différents contextes à travers le monde, et elle pourrait encore toucher de nombreux enfants. En Inde, Pratham travaille avec plusieurs gouvernements d’État pour intégrer l’approche TaRL à grande échelle dans les écoles publiques. Forts de cette expérience, des gouvernements et des organisations de la société civile en Afrique subsaharienne adaptent à leur tour cette approche, avec le soutien de partenaires tels que TaRL Africa et Pratham. À ce jour, plus de 80 millions d’enfants ont bénéficié de cette approche en Inde et en Afrique – et beaucoup d’autres pourraient encore en tirer parti.
Coûts et aspects opérationnels
Adapter l’enseignement au niveau d’apprentissage des élèves est l’une des approches les plus rentables pour améliorer les résultats scolaires. Parmi 27 programmes évalués par J-PAL, ceux qui alignent l’enseignement sur les niveaux des élèves figurent parmi les plus efficaces en termes de coût, quelle que soit leur modalité (réorganisation des classes, formation des enseignant·e·s, ou intégration d’outils technologiques).
TaRL donne de meilleurs résultats lorsqu’elle est mise en œuvre dans une stratégie globale qui place l’apprentissage au cœur des priorités éducatives. Pour cela, il est essentiel de :
- définir des objectifs clairs pour les enseignant·e·s ;
- collecter régulièrement des données sur les apprentissages ;
- offrir un accompagnement pédagogique continu ;
- favoriser les échanges entre pairs.
Le suivi rigoureux de la mise en œuvre et l’utilisation des données permettent d’ajuster les pratiques et de garantir la qualité des interventions à mesure qu’elles s’élargissent.
Adapter l’enseignement au niveau d’apprentissage des élèves est une approche peu coûteuse.
Acteurs et partenaires de mise en œuvre
Les partenaires qui mettent en œuvre TaRL apportent une expertise technique, une connaissance approfondie des contextes locaux, et un engagement en faveur de l’évaluation continue. Ces partenaires incluent notamment :
Le rôle des gouvernements
Plusieurs gouvernements intègrent déjà l’approche TaRL dans leurs systèmes éducatifs afin d’améliorer les compétences de base des enfants. En Inde, Pratham a travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements d’État pour adapter et élargir l’approche, atteignant plus de 76 millions d’élèves.
En Afrique, TaRL a été adaptée et mise en œuvre avec le soutien technique de Pratham, J-PAL et TaRL Africa. La Zambie a mené un programme pilote, « Catch Up », avant de l’élargir à l’échelle nationale. Le Nigeria a mis en œuvre TaRL dans sept États. En Côte d’Ivoire, le Programme d’Enseignement Ciblé s’inspire également de cette approche. D’autres pays, tels que l’Angola, le Botswana, le Cameroun, l’Érythrée, le Ghana, la Guinée, le Kenya, Madagascar, la Namibie, le Niger, la Sierra Leone, la Somalie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et l’Ouganda, ont également lancé des programmes similaires. À ce jour, plus de 7 millions d’enfants ont été atteints en Afrique grâce à cette approche.
Des initiatives sont aussi en cours en Amérique du Sud, aux Caraïbes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Par exemple, des programmes pilotes ont été lancés au Brésil et au Guatemala. Au Maroc, une collaboration entre le gouvernement et des chercheur·e·s évalue l’extension à l’échelle nationale d’une réforme éducative incluant un enseignement ciblé, inspiré de TaRL.
Le rôle de l’aide internationale et de la philanthropie
Le développement et l’expansion de l’approche TaRL ont été soutenus par des financements publics et privés. Ces contributions ont permis de mener des évaluations rigoureuses, d’adapter l’approche à divers contextes, et de la mettre en œuvre à grande échelle.
Parmi les partenaires financiers figurent : Carl Bennet AB, le gouvernement des Pays-Bas, ICICI Bank, l’Initiative Internationale pour l’Évaluation d’Impact (3ie), JICA, la Fondation Mistra, le Swedish Research Council, USAID Development Innovation Ventures (DIV), la William and Flora Hewlett Foundation et la Banque mondiale.
En Zambie, par exemple, des fonds de J-PAL, de l’UNICEF et du British Council ont soutenu les premières phases du programme. Un financement de USAID DIV a ensuite permis de l’étendre à 1 800 écoles, ce qui a encouragé des co-financements par le gouvernement zambien, Co-Impact, et d’autres bailleurs. Cette dynamique a conduit à la généralisation du programme dans tout le pays.
Forte de ces résultats, l’approche s’est diffusée dans plusieurs pays africains, atteignant plus de 7 millions d’enfants, avec l’appui de partenaires comme la Fondation Gates, Founders Pledge, JICA, Prevail, Co-Impact et UNICEF.
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Photos:
(1) Students work through a puzzle as part of a curriculum inspired by Teaching at the Right Level in Pemba, Southern Province, Zambia. Credit: Anton Scholtz, J-PAL/Pratham
(2) Grade 8 students participating in TaRL programming taking a test Kurukshetra, Haryana, India. Credit: Shobhiji Mukerji, J-PAL



