Accompagnement et placement des jeunes diplômés demandeurs d’emploi en France
- Job seekers
- Employment
- Job counseling
- Recruitment and hiring
La mise en place, dans dix régions françaises, d’un accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi diplômés du supérieur leur a permis de trouver du travail plus rapidement. Cependant, cette amélioration s’est opérée au détriment de ceux n’ayant pas été accompagnés, et elle n’a pas entraîné une augmentation durable du taux d’emploi.
Policy issue
En France, plus d’un quart des jeunes diplômés ne parviennent pas à trouver un emploi stable. De nombreux pays développés sont dans la même situation et leur proposent un appui spécialisé : en les préparant aux procédures de recrutement et en les mettant en relation avec des employeurs potentiels, les organismes d’accompagnement sont censés faciliter la recherche et poser les jalons d’un emploi de long terme.
Ce faisant, a-t-on un impact sur le taux net d’emploi ou se contente-t-on de transférer les possibilités d’embauche des individus non pris en charge vers ceux bénéficiant de l’accompagnement? Il s’agirait alors d’un effet de « déplacement », ou d’éviction. Il est nécessaire de tester empiriquement les services d’accompagnement renforcé pour mesurer leur impact sur le taux d’activité, d’une part parmi les individus en bénéficiant, d’autre part sur l’ensemble du marché du travail.
Context of the evaluation
En France, on estime que 25 à 32 % des jeunes diplômés du supérieur ne parviennent pas à trouver un emploi stable dans les trois ans suivant l’obtention de leur diplôme . Certains d’entre eux ne bénéficient pas des allocations chômage en raison d’un nombre insuffisant d’heures travaillées. A partir de la mi-2000, le service public de l’emploi a commencé à recourir à des OPP pour accompagner certains publics menacés par le chômage de longue durée.

Details of the intervention
A randomized evaluation of this program was carried out from 2007 to 2010, covering 235 communities in ten regions throughout France. The goal of the evaluation was to assess whether offering job counseling created a displacement effect among job seekers who do not receive counseling, and how large this effect might be. Nearly 30,000 young, educated job seekers were randomly selected to be part of the evaluation. These youth were generally in their mid-twenties, college-educated (they possessed at least a two-year degree), and had not found stable work for at least six months. Nearly two-thirds of the sample consisted of women. Because the job seekers had spent very little time working, 67 percent were not receiving unemployment benefits at the time of the study.
The evaluation used a two-step randomization approach: first, randomly assigning the proportion of job seekers who would receive intensive counseling in a given community, and then randomly assigning job seekers in each treated community into the treatment or comparison group. Individuals assigned to the treatment group were put in contact with a private agency for intensive job counseling lasting a year, while those in the comparison group continued to have the option of receiving standard job counseling from Pôle Emploi. Since both treatment and comparison individuals were eligible to receive counseling through Pôle Emploi, this evaluation measures the impact of supplementing public employment counseling with more intensive counseling from a private provider.
- Intensive job counseling with private firms: Private counseling firms (both for-profit and non-profit) received the names of job seekers and invited them to participate in a two-stage counseling program. The first stage focused on finding long-term employment (lasting at least six months) and the second focused on stabilizing them in their new job. The government did not prescribe a specific counseling structure, but it provided the agencies with incentives—up to €2,100 per person counseled—for meeting specific outcome targets: enrolling an eligible job seeker in the program, finding that job seeker a job contract of at least six months, and having that job seeker still employed six months after entering the job.
- Proportion of local job seekers receiving counseling: Researchers varied the proportion of eligible youth who were offered counseling within each community from 0%, 25%, 50%, 75%, up to 100% to examine the effects of having more or fewer people receiving counseling in a local job market. If job counseling for some displaces others from jobs, then one would expect to see higher unemployment among youth who were not offered counseling in communities where some youth received intensive counseling.
Results and policy lessons
Seuls 35 % des individus du groupe test ont participé au programme d’accompagnement renforcé.
Ce faible taux de participation pourrait s’expliquer par le fait que près de la moitié des participants avait déjà une forme d’activité professionnelle au moment où ils ont été sélectionnés pour bénéficier du programme. Le niveau de participation a été supérieur parmi les individus ne travaillant pas, ayant un niveau d’étude inférieur ou recevant des allocations chômage.
Les membres du groupe test ont trouvé un emploi plus vite que ceux du groupe témoin vivant dans les mêmes zones, mais douze mois après le début du programme, on n’observe plus de différence.
À l’horizon de huit mois, les demandeurs d’emploi du groupe test présentaient une probabilité supérieure de 2,5 points de pourcentage d’avoir trouvé un emploi durable. Cette amélioration a surtout touché des hommes, ainsi que les demandeurs d’emploi ayant signé un contrat à durée déterminée (CDD). En revanche, le nombre de contrats à durée indéterminée (CDI) n’a pas augmenté. Toutes les améliorations en termes d’emploi ont disparu après 12 mois.
L’accompagnement renforcé a provoqué un effet d’éviction et réduit le taux d’emploi parmi les individus du groupe témoin vivant dans les zones où le programme était proposé.
Dans ces zones, après 12 mois, les chômeurs auxquels un accompagnement avait été proposé présentaient une probabilité supérieure de 2,5 points de pourcentage d’avoir trouvé un emploi durable par rapport à leurs pairs non accompagnés. En revanche, ces pairs présentaient une probabilité inférieure de 2,1 points de pourcentage d’avoir trouvé un emploi durable par rapport à ceux vivant dans les zones où le programme n’était pas proposé. Par conséquent, l’effet net de se voir proposer le programme est faible et non significatif.
L’impact globalement faible de la proposition d’accompagnement renforcé s’explique en partie par un taux de participation au programme relativement modeste (35%).
L’avantage direct tiré par les individus ayant adhéré au programme a été largement contrebalancé par les effets d’éviction sur les demandeurs d’emploi assignés au groupe test mais n’ayant pas adhéré.
C’est lorsque les demandeurs d’emploi éligibles se trouvaient en concurrence pour un nombre d’emplois limité que l’effet d’éviction a été le plus fort.
Dans les zones du programme présentant des marchés du travail extrêmement compétitifs, le taux d’emploi des individus du groupe témoin était de 7,7 points de pourcentage inférieur à celui des individus vivant dans les zones où le programme n’était pas proposé.
En France, la mise en place d’un accompagnement renforcé à l’emploi a permis à des jeunes diplômés de trouver du travail légèrement plus vite que leurs pairs vivant dans la même zone mais n’ayant pas été accompagnés.
En revanche, leur taux d’emploi à long terme ne s’en est pas trouvé augmenté. Cette évaluation n’a pas mis en évidence un effet de « pied à l’étrier » qui aurait permis aux jeunes de voir leur CDD, par nature temporaire, transformé en CDI.
Des effets positifs pour les participants à un programme n’impliquent pas forcément des effets positifs pour l’ensemble de la population.
Si les bénéficiaires d’un accompagnement renforcé présentent une probabilité supérieure de trouver du travail, cela peut se faire au détriment d’autres demandeurs d’emploi avec lesquels ils sont en concurrence sur le marché du travail. Cet effet d’éviction peut être tel que l’impact net du programme soit quasiment nul. Cela n’invalide pas pour autant le recours à ce type de programmes, qui ne doivent pas être poursuivis pour obtenir des effets macroéconomiques sur le chômage mais à une fin redistributive, pour rééquilibrer l’accès à l’emploi en faveur de petits groupes bien ciblés qui doivent être soutenus en priorité.
Il est possible de tester empiriquement des programmes de grande envergure portant sur le marché du travail et d’en tirer des éléments pouvant orienter les politiques publiques nationales.
La plupart des évaluations existantes de politiques publiques d’emploi comparent des groupes test et témoin constitués d’individus issus des mêmes zones : ainsi, elles ne tiennent pas compte d’éventuels effets de diffusion. Si cette étude n’avait pas été menée à grande échelle, elle aurait conclu à un effet positif à court terme d’un tel accompagnement renforcé à l’emploi: il aurait été impossible de mettre en évidence un effet d’éviction.