Les premières années de la vie d’un enfant influencent profondément son avenir. Pour soutenir leur développement, les gouvernements doivent investir dans des programmes qui aident les parents à interagir avec leurs tout-petits de manière stimulante.
Miser sur les premières années grâce à la stimulation précoce. Lire, chanter, jouer : ces gestes simples posent les bases du langage, de la pensée et des relations sociales chez les tout-petits. Les décideurs publics devraient soutenir les programmes qui accompagnent les familles dans la création d’un environnement plus stimulant pour leurs enfants.
Donner la priorité aux enfants les plus vulnérables. Les enfants issus de foyers défavorisés ont souvent le plus à gagner de ces programmes. Trente ans plus tard, ceux qui en ont bénéficié gagnent mieux leur vie que ceux qui n’en ont pas bénéficié.
Tester les bons modèles à plus grande échelle. Les programmes de stimulation précoce peuvent avoir des effets profonds, mais il reste encore à identifier les approches qui sont à la fois efficaces et adaptées à une mise en œuvre à grande échelle.
De la naissance à trois ans, le cerveau des enfants se développe à un rythme extraordinaire. Ces premières années façonnent leur avenir scolaire, leur santé et même leurs perspectives professionnelles. Pourtant, les inégalités apparaissent dès la petite enfance : dans les ménages aisés, 78 % des enfants atteignent les jalons de développement attendus, contre seulement 55 % dans les foyers pauvres. Cela risque de perpétuer les cycles de pauvreté, bien avant l’entrée à l’école.
Tous les parents savent qu’il faut nourrir et protéger leur enfant, mais peu sont conscients de l’importance de stimuler son cerveau. La stimulation précoce renforce les capacités cognitives, langagières, sociales et motrices des jeunes enfants. Elle est particulièrement bénéfique pour ceux qui souffrent de retards de croissance, de malnutrition ou de faibles compétences cognitives.
Des visites à domicile ou des séances de groupe animées par des agents communautaires permettent de transmettre des connaissances et des outils aux parents, tout en renforçant leur confiance. Ces interactions les encouragent à jouer davantage avec leurs enfants et à adopter des pratiques éducatives de meilleure qualité. Les programmes existants, comme les visites à domicile ou les consultations dans les centres de santé, peuvent servir de point d’ancrage pour ces interventions.
Une étude pionnière menée en Jamaïque a suivi des enfants jusqu’à l’âge adulte. Les résultats sont nets : les enfants ayant bénéficié de la stimulation précoce ont mieux réussi à l’école, ont accédé à de meilleurs emplois et gagnent davantage aujourd’hui.
« J’ai suivi le développement de 300 enfants à Kingston. Bébés, tout allait bien. Mais en grandissant, leur développement a ralenti. En visitant leurs foyers, j’ai compris : il leur manquait une stimulation adaptée. »
—Sally Grantham-McGregor, chercheuse principale de l’étude fondatrice en Jamaïque
Coûts et modalités de mise en œuvre
Ces programmes améliorent l’environnement d’apprentissage à la maison. Ils peuvent être déployés via des visites à domicile, des sessions de groupe ou lors de consultations de santé. Ils incluent souvent du conseil parental, des jouets éducatifs, des livres ou même des transferts monétaires.
Le coût varie entre 134 et 500 dollars US par enfant et par an, des niveaux comparables aux programmes d’éducation préscolaire dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les approches les moins coûteuses s’appuient sur des structures existantes. Le coût dépend aussi de la durée du programme, du mode de diffusion et de l’usage de la technologie. Les gouvernements doivent évaluer les compromis entre portée, accessibilité et impact.
Pour obtenir des effets durables, il faut maintenir un accompagnement dans le temps. Sans soutien continu, les effets peuvent s’estomper. À l’inverse, certains bénéfices n’apparaissent qu’à long terme. Plus d’études sur le moyen et le long terme sont nécessaires pour mieux comprendre le plein potentiel de ces interventions.
Obtenir des impacts durables à grande échelle implique de rester engagé auprès des enfants et de leurs aidants.
Les partenaires de mise en œuvre jouent un rôle central.
Ils apportent une expertise technique, une connaissance fine du contexte local, et un engagement en faveur de l’apprentissage et de l’évaluation.
À notre connaissance, plusieurs organisations non gouvernementales intègrent déjà ces enseignements dans leurs programmes. Cette liste, classée par ordre alphabétique, n’est pas exhaustive :
Le rôle des gouvernements
Certains pays intègrent déjà ces programmes dans leurs politiques sociales. En Colombie, le programme Familias en Acción combine transferts monétaires, nutrition et stimulation précoce, avec le soutien de mères leaders formées. Malgré des moyens limités, les enfants ont montré des progrès cognitifs et langagiers.
Au Bangladesh, le ministère de la Santé s’est associé à Save the Children pour proposer la stimulation précoce à 18 000 enfants via des agents de santé communautaires. Coût total : moins de 10 dollars par enfant, pour des résultats comparables à des programmes bien plus onéreux.
Le rôle de l’aide internationale
Les bailleurs et les fondations jouent un rôle clé dans le développement et l’évaluation de ces approches. Le Fonds stratégique d’évaluation d’impact de la Banque mondiale (SIEF) a soutenu des évaluations dans au moins 7 pays. En Jamaïque, l’étude financée par le SIEF a donné naissance au modèle Reach Up and Learn, désormais adapté au Bangladesh, au Brésil, au Guatemala et en Inde.
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World Health Organization
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Center for Global Development
Early Stimulation: Supporting Parents to Help Their Children Thrive
World Bank
Photos:
(1) A woman reading to her son in South Africa. Credit: Shutterstock.com
(2) A community health worker reads with a mother and her child in Jamaica. Credit: Development Media International



