
Lancement d’un partenariat national au Bénin pour appuyer l’élaboration de politiques publiques fondées sur des données probantes
J-PAL Afrique a lancé un partenariat pluriannuel avec le Ministère du Développement et de la Coordination de l’Action gouvernementale (MDC) du Bénin. Cette collaboration vise à co-définir, produire et intégrer des données probantes dans les politiques publiques à travers l’ensemble de l’administration. Elle s’inscrit dans la continuité de la dynamique créée par la loi adoptée en 2024 au Bénin, qui promeut l’usage des données dans les prises de décision publiques.
Forum sur la Promotion de l'Évaluation d'Impact au Bénin : un engagement collectif pour des politiques informées
Le Forum sur la Promotion de l'Évaluation d'Impact au Bénin, organisé le 10 mars à Cotonou pour marquer le lancement du partenariat, a rassemblé des responsables gouvernementaux et des membres de la direction de J-PAL Afrique. Ensemble, ils ont échangé sur la manière dont les données et les évaluations d’impact peuvent contribuer aux priorités de politique publique au Bénin.
La séance d’ouverture a été présidée par le Ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané, accompagné de quatre autres ministres ainsi que des directeurs de cabinet des 22 ministères. Parmi les intervenants figuraient la Co-Directrice Scientifique de J-PAL Afrique Pascaline Dupas (Princeton), Jenny Aker (Tufts ; Co-Présidente de l’Initiative sur l’Identification Numérique et la Finance), Cillian Nolan (Directeur Exécutif de J-PAL Europe) et Vinayak Bhardwaj (ancien Directeur Exécutif de J-PAL Afrique).
Dans son allocution d’ouverture, le Ministre Bio Tchané a réaffirmé l’engagement du gouvernement à intégrer des recherches rigoureuses dans l’élaboration des politiques. Il a présenté ce partenariat comme une étape importante dans les efforts du Bénin pour renforcer une gouvernance appuyée par les données probantes.
"Ensemble, nous avons l’opportunité d’ouvrir un nouveau chapitre de la gouvernance publique de notre pays. Ce partenariat marque une étape décisive dans l’institutionnalisation de l’évaluation au Bénin."
Ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané
Le Ministre a également exprimé son souhait de voir se créer un laboratoire national d’évaluation d’impact. un centre dédié à la production de données rigoureuses pour éclairer la prise de décision publique et appuyer les priorités nationales de développement.

Faisant écho à cet appel, Pascaline Dupas a souligné, lors de son intervention principale, la valeur des recherches rigoureuses pour concevoir des politiques efficaces. « Les données probantes ne sont pas seulement un outil académique. Elles constituent un fondement essentiel pour une gouvernance efficace, » a-t-elle déclaré.
Alors que l’aide internationale connaît une baisse marquée dans plusieurs pays donateurs, elle a mis en avant l’importance d’approches fondées sur des données pour améliorer la pertinence et l’efficience des politiques publiques, en particulier dans des contextes où les ressources budgétaires sont limitées. Elle a illustré ses propos avec des exemples de recherches menées par des chercheur·e·s affilié·e·s à J-PAL, notamment sur la distribution de moustiquaires et l’apprentissage fondamental.

L’après-midi a été consacrée à un panel sur le rôle des évaluations d’impact dans le renforcement de l’efficacité des politiques et leur durabilité à long terme.
Le Directeur de Cabinet Alastaire Sèna Alinsato a insisté sur le défi majeur pour le gouvernement : garantir que les programmes publics produisent des effets durables. Il a souligné l’importance de systématiser l’usage des évaluations d’impact afin de mieux comprendre ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, et pourquoi. Il a également noté que le Bénin s’appuie de plus en plus sur des données internationales pour ajuster ses politiques éducatives, en particulier dans les filières techniques et professionnelles.
Dans le même esprit, Hermann Orou Takou, Secrétaire Permanent du Comité National de Politique Économique, a rappelé que le nouveau cadre juridique béninois soutenant l’évaluation facilite l’institutionnalisation de l’usage des données, tout en permettant une plus grande autonomie via le financement public des activités d’évaluation. Il a mentionné que les données peuvent appuyer la redevabilité, assurer une continuité entre les administrations, et renforcer la planification stratégique.
Jenny Aker a présenté des travaux en cours dans le secteur agricole, en soulignant l’importance de concevoir les projets en tenant compte de leur pérennité, afin que les communautés puissent continuer à en bénéficier indépendamment des cycles politiques ou de financement.
Enfin, Cillian Nolan a mis l’accent sur l’importance des partenariats de long terme fondés sur les priorités locales. Il a rappelé que la recherche, à elle seule, ne suffit pas : pour avoir un impact durable, elle doit s’accompagner d’institutions solides et d’une collaboration soutenue entre chercheur·e·s et responsables de politiques publiques.
Les échanges de la journée ont mis en lumière la pertinence de l’intégration de données rigoureuses dans l’élaboration des programmes, tant pour appuyer les décisions actuelles que pour façonner celles de demain. Dans cet esprit, le partenariat entre J-PAL et le Bénin repose sur quatre objectifs principaux :
- Comprendre les priorités politiques du Bénin et partager de manière systématique les données probantes existantes en lien avec ces priorités
- Produire des données rigoureuses sur des questions de politique publique à fort enjeu à travers des évaluations aléatoires
- Adapter, intégrer et étendre les solutions ayant montré des effets positifs
- Renforcer les capacités institutionnelles en matière d’utilisation des données dans la prise de décision
Un partenariat pérenne
Grâce à une collaboration étroite avec le MDC, J-PAL Afrique et les chercheur·e·s du réseau J-PAL accompagneront l’institutionnalisation de la prise de décision fondée sur les données probantes à l’échelle du gouvernement béninois.

Le Forum a été co-organisé avec la Direction Générale de l’Évaluation et de l’Observatoire du Changement Social (DGEOCS), sous la direction d’Abdoulaye Gounou, Lechidia de Souza et Gbètoton Djossou, qui portent les efforts pour renforcer les capacités institutionnelles d’évaluation des politiques dans l’ensemble des ministères.