(The Evidence Effect) Le rôle des preuves : pourquoi il est important d'évaluer l'innovation dans le développement

L’un de nos objectifs à J-PAL Europe, le 27 juin 2025, en réunissant à Paris des leaders européens du développement, du monde académique, de la philanthropie et des journalistes pour discuter du Rôle des preuves (The Evidence Effect), était d’affirmer une version beaucoup plus positive de l’impact du développement que celle que nous voyions autour de nous. Tant de progrès, mesurables, ont été accomplis ces dernières années, et nous sommes convaincus que les acteurs européens ont un rôle clé à jouer pour financer et accompagner les partenaires mondiaux afin de réaliser de nouvelles avancées dans les années à venir.
Nous sommes particulièrement reconnaissants envers le ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères, Jean-Noël Barrot, et à la Directrice-adjointe de la Direction Générale du Trésor, Claire Cheremetinski, qui ont souligné l’importance que le gouvernement français accorde à des partenariats ouverts, innovants et efficaces pour le développement ; ainsi qu’à la ministre ivoirienne de l’Économie, du Plan et du Développement, Nialé Kaba, qui a mis en avant le rôle que jouent la recherche et les données probantes dans la planification et les politiques de développement de son pays.
Nous avons eu la chance d’accueillir un grand nombre d’intervenants pour une série de tables rondes, mettant en lumière à la fois les progrès remarquables réalisés en matière d’impact du développement et le potentiel de futures avancées. Cinq messages clés sont ressortis de ces échanges :
Une richesse de données probantes de haute qualité a été produite sur l’impact du développement au cours des deux dernières décennies. Ces données orientent désormais les décisions afin d’accroître l’efficacité et le rapport coût-efficacité des programmes de développement, et permettent une meilleure affectation des ressources pour améliorer et protéger des vies humaines. Nous avons entendu parler des évolutions au sein de l’AFD, de FCDO, de la GIZ et de l’USAID, qui encouragent davantage de décisions fondées sur l’efficacité prouvée de certains programmes, tant en interne que chez les partenaires et gouvernements qu’ils soutiennent. Mais des avancées restent possibles partout, notamment à travers une meilleure valorisation et diffusion des données existantes, ainsi qu’une amélioration de la collecte des données liées aux coûts. Les acteurs européens du développement auront un rôle encore plus important à jouer dans le contexte de la fermeture de l’USAID. Les données probantes sur l’impact du développement sont un bien public, et les mécanismes de financement de ces travaux doivent en tenir compte.
Les gouvernements des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) joueront un rôle croissant dans l’élaboration et l’utilisation des évaluations d’impact rigoureuses et d’analyses coût-efficacité avant d’investir ou de généraliser de nouvelles solutions. Ce domaine nécessite non seulement des recherches et des données de qualité, mais aussi des efforts de renforcement de capacités et un accompagnement pour une large variété d’acteurs – agents publics, chercheurs, membres de la société civile – afin qu’ils puissent utiliser ces données dans leurs mandats.
Un complément essentiel à la recherche du meilleur rapport coût-efficacité consiste à financer l’innovation à haut risque et haut potentiel d’impact, en particulier dans les PRFI. Ce type d’innovation peut à la fois générer des gains d’efficacité dans les programmes existants mais aussi permettre de soutenir le développement de nouveaux modèles, favorisant leur adaptation et leur reproduction lorsqu’ils se révèlent efficaces. Il existe un potentiel considérable pour mobiliser à cette fin des financements publics et privés européens. Des dispositifs de financement par étapes, comme l’ex-Development Innovation Ventures (DIV) ou l’actuel Fonds pour d’Innovation pour le Développement (FID) sont d’excellents exemples en la matière – et il en existe bien d’autres.
Le secteur humanitaire est confronté à un écart croissant entre les besoins et les financements disponibles, écart qui était déjà immense avant les dernières coupes budgétaires. Un changement d’engagement politique sera crucial pour combler cet écart. Mais l’intérêt pour l’évaluation d’impact dans ce domaine est croissant, et des organisations comme le CICR, le PAM ou le International Rescue Committee (IRC) figurent parmi celles qui maximisent l’impact des ressources disponibles dans les situations d’urgence, où il est essentiel d’avoir des programmes efficaces pour aider les populations les plus vulnérables.
Pour renforcer le rôle de l’Europe comme acteur du développement, nos intervenants ont plaidé non seulement pour des initiatives européennes conjointes, mais aussi pour une communication plus claire sur les résultats impressionnants de l’aide au développement et sur la nécessité de solutions collectives face aux défis mondiaux.
Nous espérons que cet événement continuera de nourrir d’autres échanges dans les mois à venir sur le rôle de l’Europe dans le développement. À J-PAL Europe, en plus de notre travail pour améliorer les politiques publiques et réduire la pauvreté dans le monde, nous nous engageons à :
- Aider les acteurs européens à tirer le meilleur de la richesse des connaissances issues de la recherche existante,
- Construire des structures et des ressources pour mobiliser l’évaluation d’impact dans le secteur humanitaire,
- Proposer des actions et des programmes de renforcement de capacités, des ressources pour la recherche et un appui technique aux gouvernements et aux organisations souhaitant renforcer l’impact de leurs actions.
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Programme et photos de l’événement :
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